Les vignes du SIVOM : deux communes unies pour préserver un patrimoine vivant

Publié le 12/09/2025

Membre d’Unilys, le SIVOM entretient depuis plus de 20 ans deux vignobles emblématiques situés à Saint-Germain-en-Laye et à Fourqueux. Nichées au pied de la terrasse du Château et au rond-point Charles de Gaulle de Fourqueux, ces vignes urbaines incarnent un patrimoine local vivant. Fruit d’un travail collectif et minutieux, elles sont entretenues par les services des espaces verts des communes de Saint-Germain-en-Laye et du Pecq, en partenariat avec la société Hédonia 20.

Rencontre avec Jean-Luc Dakowski, responsable des vignes, qui nous ouvre les coulisses de ce projet unique.

 

Un entretien partagé entre communes

Unilys : Les communes de Saint-Germain-en-Laye et du Pecq gèrent ensemble les vignes. Comment cela s’organise-t-il ?

Jean-Luc Dakowski : « Les deux villes adhèrent à parts égales à la section Vignes du SIVOM et se répartissent l’entretien. Pour les vignes du Château, chaque ville a une parcelle distincte pour simplifier le travail, mais certaines opérations comme la taille se font en commun pour garantir la cohérence du vignoble. »

 

Les saisons de la vigne : un cycle précis

Unilys : À quoi ressemble une année type dans l’entretien des vignes ?

J.-L. D. : « Tout commence en février ou début mars avec la taille. De mi-mai à fin juillet, nous réalisons le palissage : guider les rameaux sur des fils pour qu’ils ne retombent pas et rogner les tiges trop longues, qui peuvent atteindre jusqu’à cinq mètres ! C’est aussi le moment des traitements préventifs, avant la floraison qui arrive mi-juin jusqu’à juillet en général. »

 

Bio… avec pragmatisme

Unilys : Travaillez-vous en bio ?

J.-L. D. : « Depuis 2017, nous sommes officiellement en bio : plus de glyphosate ni de traitements chimiques. Toutefois, depuis trois ans, les deux maires des communes ont accepté un ou deux traitements non bio par an. Pourquoi ? Parce que les traitements bio doivent être appliqués toutes les deux semaines environ à partir de mi-mai, et les agents communaux n’ont pas toujours cette disponibilité. De plus, si une maladie survient, les produits bio ne peuvent pas la stopper efficacement, alors qu’un traitement non bio protège mieux et plus longtemps. »

 

Deux vignobles, deux identités

Unilys : Quelles différences entre les deux vignobles ?

J.-L. D. : « La vigne du Château, appelée “Vin des Grottes”, est 100 % pinot noir et produit un vin rouge. Plantée en 2000, elle a une histoire ancienne. La vigne du rond-point, plus récente, mélange sauvignon à peau blanche et cabernet-sauvignon à peau rouge. Elle est robuste, peu sensible aux maladies et peut produire parfois un pétillant rosé. Ses cépages exacts sont incertains car elle a été plantée historiquement à des fins pédagogiques. »

 

Vendanges et vinification : un travail collectif

Unilys : Comment se déroulent les vendanges ?

J.-L. D. : « Les deux communes mobilisent environ dix personnes pour une demi-journée. Les vendanges du Château ont lieu début septembre, celles du rond-point un peu plus tard à cause de la différence de cépages. Les raisins sont récoltés à la main dans des paniers en osier puis transportés au chai de Fourqueux. »

 

Unilys : Que se passe-t-il au chai ?

J.-L. D. : « Pour le pinot noir du Château, nous utilisons un fouloir égrappoir pour retirer la rafle et pré-écraser le raisin. La macération dure une à deux semaines maxi, puis les peaux sont séparées du jus. Pour le rond-point, les deux cépages sont pressés immédiatement, comme pour un vin blanc. Ensuite les 2 cuvées sont stockées en cuves inox avec un chapeau flottant pour éviter l’oxydation. Des analyses en laboratoire (alcool, acidité, acide acétique) sont réalisées périodiquement.  Pour le rosé de Fourqueux, nous confions ensuite la prise de mousse et le dégorgement à un professionnel en Champagne. »

 

Les aléas naturels : vigilance et adaptation

Unilys : Avez-vous déjà connu des années sans récolte ?

J.-L. D. : « Oui. L’an dernier, aucune vendange au Château à cause d’une attaque de mildiou pendant la floraison. C’est rare mais catastrophique. Heureusement, les pieds survivent et continuent à produire les années suivantes. »

 

Des innovations pour protéger la vigne

Unilys : Quelles innovations avez-vous mises en place récemment ?

J.-L. D. : « Aux terrasses, nous avons refait tout le palissage en 2024 avec des piquets galvanisés et un système de palissage pour maintenir et écarter les rameaux. En 2025, nous testons des fourreaux pour protéger le bas des pieds de vigne lors de la coupe de l’herbe et travaillons sur la gestion de l’humidité pour limiter le développement des deux principales maladies de la vigne : l’oïdium et le mildiou (champignons microscopiques). Au rond-point, les pieds plus robustes nécessitent un entretien plus simple, mais nous avons également installé des protections similaires au pied. »

 

Photo des agents de la ville de Saint-Germain-en-Laye et du Pecq lors de la récolte des raisins pour la vendanges 2025 du vin des Grottes des terrasses du Château de Saint-Germain-en-Laye

Le saviez-vous ?

  • • Les tiges des vignes peuvent atteindre jusqu’à cinq mètres et doivent être rognées pendant le palissage.
  • • La vigne du Château, appelée “Vin des Grottes”, est 100 % pinot noir et plantée depuis 2000.
  • • La vigne du rond-point mélange sauvignon à peau blanche et cabernet-sauvignon à peau rouge, mais ses cépages exacts restent incertains.
  • • Les vendanges se font à la main dans des paniers en osier, puis le raisin est transporté au chai de Fourqueux.
  • • Les traitements bio doivent être appliqués toutes les deux semaines à partir de mi- mai, ce qui n’est pas toujours possible pour les agents communaux ; d’où l’usage exceptionnel de 1 à 2 traitements non bio par an.
  • • La cuvée 2023 du vin des Grottes a été distillée à cause d’une attaque de drosophiles (petites mouches asiatiques qui percent la peau du grain), mais aucun raisin n’a été perdu.
  • • Les innovations récentes incluent des piquets galvanisés, des fourreaux de protection pour les pieds pour une meilleure gestion de l’enherbement sous les rangs (humidité) afin de limiter le développement des maladies.

Ces vignes ne produisent pas de volumes industriels, mais elles incarnent un patrimoine vivant et local que le SIVOM et Unilys s’attachent à préserver. Entre tradition et innovation, elles reflètent l’engagement des communes et des équipes pour maintenir ce trésor urbain, malgré les aléas climatiques et sanitaires.

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